mardi 20 mars 2018

Chronique : BUCK + MUDWEISER + COWBOYS FROM OUTERSPACE + PETER FLEMING





BUCK
Live, LP, Digital
Beast Rds
Si un disque c’est un tout alors ce live répond parfaitement à l’idée d’une œuvre ! Le logo, le nom, la pochette, l’option de l’enregistrement en live, le son âpre, gras et tellement vivant, la formule en duo Garage Blues Trash, en version batterie et basse + chant, et, bien sûr, les compositions !
Imaginez le Tom Waits de la période New York underground barré, La Muerte, et des ambiances à la Washington Dead cats (dépouillé des oripeaux Psychobilly) qui fusionnent dans la lave d’un Blues terreux, poisseux, Noisy, qui aime de temps en temps copuler avec un sax qui viendrait du jazz free – noise rock.
Plus gras que gracieux, dans une période riche en aspartame un groupe qui n’a pas pur de faire fi de toute aseptisation c’est salvateur !
Ça ramone les conduits auditifs comme trop peu souvent ces derniers temps. Mais Buck ne s’en content pas et produit aussi du bruit qui a un peu de sens et surtout qui a une vraie dimension musicale avec des titres qui s’écoutent et se réécoutent avec un gros sentiment de satiété ! J’aime !!!!
[BT]



MUDWEISER
So, said the snake, LP, CD, Digital
Head Rds / La Baleine
Voici un album purement immersif ! Plus on est plongé dedans plus on s’y noie (de bonheur). Comme des sables mouvants qui vous engloutissent la musique des Mudweiser est grasse et gluante !
Leur nom est une véritable déclaration d’intention ! Et la pochette de ce 3ème album vous met immédiatement dans l’ambiance ! Du Rock de cul-terreux du Sud profond (Montpellier comme une métaphore de Savannah…).
La chaleur qui suinte de leur Stoner / Southern Heavy Rock donne soif et fait honneur à leur patronyme !
Chez les Mudweiser on aime les riffs bien gras et on sait en pondre d’excellents ! A tel point que plus cet album avance moins il y a moyen de se le sortir de la tête ! Ça vous assomme comme un pack de 6 en plein cagnard, mais ça fait tellement de bien !
[BT]
En concert : Vendredi 23 Mars : MUDWEISER (Stoner) + WALNUT GROVE DC (Stoner Metal) + NOISS (Grunge), au Brin de Zinc, à Chambéry – Barberaz


COWBOYS FROM OUTER SPACE
Exile at the rising house, LP, CD
Relax O-Matic Rcds / Nova Express / Lollipop
Comme à chaque fois avec leurs albums (et je les ai tous) il me faut presque un an pour totalement rentrer dans un disque du trio marseillais (ça me fait le même effet avec les Dum Dum Boys dont j’attends le nouvel album ces jours-ci avec une grosse impatience). C’est sans doute ce qui me les rend si chère ! Car il me faut creuser creuser dans cet empilement de noirceur Noisy Blues Trash avant de voir la lumière.
Et c’est tellement plus intéressant comme expérience que tous ces disques kleenex…
En plus dans celui-ci il y a parfois des éléments qui font penser à un Bowie (très) enragé. La class, non ?
Est-ce que Marseille est une banlieue de New York ? Les Cowboys From Outer Space sont indéniablement des outsiders qui savent ce qu’ils veulent et font.
Ils vous saisissent par la main pour une balade mortelle au cœur du monstre urbain…
Souvent ont dit que les Cowboys sont le pendant français de Chrome Cranks, une sacré référence / comparaison dont ils ont toujours su s’en montrer digne tout en développant leur propre personnalité. Moi ils me font penser au niveau de l’intensité, de l’univers et de la noirceur à un croisement abâtardit entre La Muerte, The Raymen et Beasts of Bourbon. Rien que ça. Ce genre de références écraserait n’importe quel autre groupe mais pas les Cowboys From Outer Space qui se situent justement à cette hauteur-là !
Et ici on devrait en avoir plus conscience et en être tellement fier !
[BT]
En concert : Samedi 24 Mars : The MONSTERS (Trash-O-Billy, Voodoo Rhythm Rds) + COWBOYS FROM OUTERSPACE (Garage Noisy Blues) + JEAN MICHEL JARRET (Riot Grrrl) + DJ Von Kid, au C.B.G.C, à Gigors Et Lozeron (26)

PETER FLEMING
Courrier de Tartarie, 420 pages, 11,43 euros
Phébus libretto
Donc après l’enthousiasmant ‘Oasis interdites’ de Ella Maillart je me suis lancé dans ce ‘Courrier de Tartarie’ où son compagnon de voyage Peter Fleming narre le même périple à travers la Chine du Nord en 1935. Même parcours, même plaisir de lecture, style différent au possible.
Ayant une vraie facilité de plume on sent que l’auteur se plait à écrire. S’il a un vrai sens de la formule il n’en abuse jamais et le texte des chapitres et paragraphe est joliment composé sans que cela ne transparaisse. Par ailleurs, dans la meilleure tradition anglaise Peter Fleming pratique l’art de l’understatement. Ce qui rend la lecture si jubilatoire pour toute personne encore capable de lire ce qui est au-delà des mots. Ce qui en fonction de ses activités secrètes supposées d’agent de renseignement (en plus de correspondant du Times) est jubilatoire à lire, surtout les parties liées à l’exposé de la situation géopolitique de la région du Sin-Kiang et autres régions traversées. A noter qu’Ella Maillart fait elle aussi un tel exposé quasiment au même moment de son récit. Une analyse similaire de la situation géopolitique mais bien moins développée.
Concernant l’écriture, si Ella Maillart à un style sec et millimétré (mais tellement emballant) Peter Fleming manie une langue riche comme on en a, malheureusement, perdu l’usage. Son vocabulaire foisonnant mais sans fatuité, et au service de périphrases qui sont une belle immersion dans le voyage.
Cependant quand il s’agit d’être précis il sait y faire. Parfois même avec une vraie économie de mots.
Autre différence entre les 2 voyageurs : leur but. Ella Maillart part pour ce périple vers l’inconnu dans une sorte de quête d’ailleurs mais aussi de soi. Peter Fleming est lui en mission : pour le Times et pour sa Gracieuse Majesté. Et il parcourt ces 6000 km comme un  gentleman faisant une partie de chasse géante. Du moins c’est ce qu’une lecture superficielle pourrait laisser comme impression.
Et c’est une des réussites de ce récit d’allé plus loin et plus profond, bien au-delà des images et des mots !
Ce livre devrait être très prochainement réédité. Une brillante idée !
[BT]

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